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192 pages

32 illustrations

17x22,5 cm 

octobre 2020

ISBN 978-2-9563413-7-6

Jean-Louis Poitevin, Silvère Jarrosson, Genèses et gestes

avec la participation de Yoyo Maeght

" Quelle étrange décision que de se rendre dans l’atelier d’un artiste jamais rencontré auparavant. 

Quel est l’espoir ? Me rassurer sur mes choix antérieurs et consolider les orientations données à ma toute personnelle histoire de l’art ou, au contraire, instiller le doute dans mon esprit pour me contraindre à remettre en question mes choix antérieurs ? 

Pas le temps d’y réfléchir, me voilà devant l’atelier de Silvère. 

La technique d’une œuvre, quelle qu’elle soit et chez quel qu’artiste, n’a jamais été, pour moi, un élément de séduction. Si je me surprends à m’y intéresser, il semble qu’il s’agisse alors d’une curiosité compensant l’absence d’émotion suscitée par l’oeuvre observée. Rien de cela dans les peintures déployées devant moi dans l’atelier. L’une accroche immédiatement mon regard. Que me chuchote-t-elle ? Je l’extrais mentalement des autres, la dépouille de son environnement, je suis heureuse de voir que cet isolement ne l’affaiblit pas. Je peux donc me risquer à observer chaque œuvre. Les voilà qui s’organisent dans mes pensées. Je vais instinctivement vers celles qui ouvrent un dialogue. 

Depuis toujours je me refuse à diviser la peinture entre art figuratif et art abstrait. Je suis donc ravie devant les toiles de Silvère de constater qu’il n’existe, effectivement, qu’une seule forme d’art. L’art qui, tout en exprimant des sentiments, provoque émotion et vertige. Celui qui engendre ce bouillonnement mental qui fait surgir dans mes pensées les souvenirs d’une madone du quattrocento, un bronze cubiste ou une installation monumentale sitôt vue, sitôt détruite… Je glisse avec plaisir dans le silence de l’observation de mon ressenti. 

Quand je m’extrais enfin de mon secret, alors commence un ballet de toiles devant moi. Il faut que je voie les œuvres plus anciennes, que les séries se composent puis 

s’éparpillent, que les œuvres soient dépouillées de leur environnement confortable, que des juxtapositions obligent au jugement, voire au choix. Je veux pousser les 

œuvres dans l’inconfort, voir si chacune résiste et prend sa liberté, son autonomie. Sont-elles prêtes à quitter l’atelier ? Sont-elles préparées à affronter l’aventure de l’art ? Pour moi, sans aucun doute ou devrais-je dire, avec tous les doutes qu’heureusement cela comporte. 

J’aime quand l’incandescence mentale de mon histoire de l’art est attisée. Voilà, peut-être, ce que je viens chercher dans un atelier, voilà sans doute ce que j’ai trouvé dans l’œuvre de Silvère Jarrosson."

 

Yoyo Maeght 

Paris, 2020 

35 €

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